Salut la Cie,
Je ne sais pas si tu te souviens, il y a bien de ça bien plus de 20 ans, paraissait un passionnant documentaire sur Patrice Chéreau. Malheureusement, ma mémoire me fait défaut au moment où je t’écris ce petit billet. Je me lançais un peu plus sérieusement dans le théâtre et Chéreau y faisait figure de référence ultime. Moi, je découvrais un peu tout cela. Je n’avais que mes propres figures, plus cinématographiques.
Je me souviens avoir regardé ce documentaire sans avoir cligné des yeux. Voir ce bonhomme manipuler ses comédiens comme on malaxe de l’argile, de la pâte à modeler, leur souffler des mots à l’oreille, être si près d’eux, comme pour ressentir la moindre émotion, la moindre respiration… Pour moi, ce fut un déclic.
D’un côté, en lisant Durringer, je m’étais dit, naïvement, « ah, ok, donc, au théâtre, on a le droit de faire parler des personnages comme ça ». Avec Chéreau, d’un coup, j’ai pu me dire « ah, ok, donc, on peut mettre en scène comme ça ». Évidemment, ÉVIDEMMENT, je ne dis pas ici que je fais le même travail que lui, mais simplement, humblement, qu’il m’a terriblement inspiré et donné une voie à suivre.
Depuis, ses mains qui bougeaient ses comédiens, ses mains comme les baguettes d’un chef d’orchestre, aussi larges que légères, ses mains donnant le rythme, pointant la direction, ses mains sont restées gravées dans ma mémoire. Et si ma gestuelle est sûrement moins élégante, et mes doigts plus fins que les siens, il m’a ouvert les yeux et un chemin, que depuis j’ai fait mien.
Et ces quelques photos prises sur le vif la semaine dernière lors de la mise en scène de « A trois pas du Ciel », avec Caroline et Olivier, dans l’Ain, témoignent des mouvements esquissés qui viennent bien avant mes paroles. Merci Monsieur Chéreau d’avoir creusé le sillon…
En tout cas, cette nouvelle pièce voit le jour courant juin dans la région Rhône Alpes et je t’en dirai plus tout bientôt.


