La Culture, c’est vaste

Salut la Cie,

Petit billet en réaction à l’actualité. Je précise ici, en préambule, que je n’oppose rien, aucun combat, aucune communauté. Dans cette lutte, à ce moment précis de l’humanité, c’est effectivement ensemble que ça peut se passer, et qu’on peut s’en sortir.

Donc, depuis quelques jours, des intermittents du spectacle ont décidé d’occuper le théâtre de l’Odéon, à Paris et depuis peu, la Colline, un autre théâtre à Pau, puis à Strasbourg. Parmi les revendications, une parfaitement légitime, une seconde année blanche pour leur régime. On les comprend. Certes, les tournages continuent, ainsi que les répétitions. Mais sans représentation, sans les festivals, combien de techniciens, de costumiers, de décorateurs et autres comédiens bien sûr, comment gagner sa vie ?

Après bien des essais, bien des études, on l’a dit et répété, on a plus de chance de tomber amoureux au théâtre, que malade du Covid19. La situation est ubuesque lorsqu’on nous dit que les salles doivent rester fermer because « ben ça fait du mouvement de foule » et qu’en même temps, les gens font des queues de 12 bornes devant les Grands magasins. Va consommer et ferme ta gueule, en gros.

Donc, qu’aujourd’hui, il y ait un mouvement de ras-le-bol, même pas relayé par les grands médias, c’est on ne peut plus compréhensible. S’il faut en venir à occuper tous les théâtres et les scènes subventionnées pour que ça réagisse, il faut y aller, pour qu’enfin le pouvoir politique comprenne qu’il n’y a pas tout un secteur d’activité qui n’ait pas le droit de bosser. Ou alors, comme suggéré, on tourne ? On ouvre désormais les restaurants, les salles de théâtre et de ciné, et on ferme les magasins pendant 3 mois. Chacun son tour, les gars.

Mais là où je voulais en venir, c’est que la contestation ne doit pas être réduite aux seuls intermittents. Quid des artistes-auteur, qui eux, n’ont aucun statut, très peu d’aides, et encore moins, donc, de filet de sauvetage ? Pour reprendre les mots de mon ami Aurélien, pour nous, ce n’est pas une année blanche, mais noire. On me demande souvent, de la part du public, et c’est bien normal comme question « mais toi, t’es intermittent ? » Non, moi, je suis auteur, et pour ouvrir mes droits à une couverture sociale, je dois réaliser 600 fois le SMIC horaire sur une année (soit, en gros, dans les 9 000 Euros, et croyez-moi, tous les auteurs ne sont pas Zeller ou Michalik).

Il existe des lobbyings, même si ce mot n’est pas tout à fait le mieux choisi, pour aider les artistes-auteur et pour ma part, je suis sociétaire à la Société des Gens de Lettres, qui œuvre pour qu’un statut plus clair puisse exister pour nous. Pourquoi pas, dans un même système que celui des intermittents.

C’est pour cela que je dis, oui, la Culture, c’est vaste. C’est des dizaines de corps de métier, souvent rassemblés par l’intermittence, mais pas que. Et simplement, ne l’oublions pas. Ne l’oublie pas. Principalement lorsque tu entendras les infos en parler, le combat ne s’arrête pas à l’intermittence et à cette seconde année blanche réclamée. Il doit aussi permettre aux auteurs d’avoir une reconnaissance et un statut qui comprend son métier et qu’on arrête de nous balloter entre l’Agessa et l’Urssaf où souvent, on a affaire avec des personnes qui ne savent pas ce que l’on fait (sans parler de leur site…).

Bref, j’avais dit que je ferai court, j’en termine ici avec mon soutien exprimé à celles et ceux qui occupent les théâtres pour que les voix soient entendues et que la Culture ne soient plus sacrifiée sur l’autel des différentes incohérences de nos gouvernants.

« So what do you do? » « I’m a writer. » « No I mean what do you do for money? »

Auteur : Lilian Lloyd

Auteur, metteur en scène, scénariste, comédien, compositeur pas encore mort (1973-2000 et des poussières)

2 commentaires

  1. Dans la quasi totalité des pays, les acteurs au chômage ne touchent aucune allocation spécifique. En France, un écrivain qui ne publie pas ou ne vend rien est contraint d’avoir un boulot qui le nourrisse car il ne bénéficie pas d’un régime semblable à celui des intermittents.
    Quoi qu’il en soit, la culture tout le monde s’en tape et le dernier ministre de la culture digne de ce titre s’appelait Malraux.

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