Souchon – L’homme de l’intime

Salut la Cie,

Pour finir l’année avec les esgourdes bien heureuses d’entendre des sons qui font du bien, je te propose un petit avis personnel sur un artiste qui figure dans mon panthéon des chanteurs français. Entre Alain Bashung et Etienne Daho, Alain Souchon, pour moi, c’est l’équivalent d’Yves Robert au cinéma. Avec ses petites histoires de gens ordinaires, avec la mélancolie qui traîne toujours quelque part, – l’ultra moderne – solitude et des Jimmy qui pleure ou des rameurs qui rament quelque part sur des plages du Cotentin, à Portbail ou en Picardie, c’est l’humain qui transpire à chaque couplet.

Autant te dire que Souchon m’inspire à chaque fois que je l’entends et dans le même temps, m’écrase parce que dire autant en si peu de mots, c’est mettre la barre tellement haute que t’as vite fait de retourner à l’école avant de t’essayer à écrire une chanson. Un des grands souvenirs de ma vie, c’est d’aller le rencontrer après un concert au Casino de Paris, grâce à Corinne, une amie que je salue ici. L’homme est à l’image de l’artiste, clown blanc un peu triste, renommant les gens autour de lui, comme pour mieux s’approprier les uns et les autres. Toujours le mot pour rire – un peu jaune -, un œil perçant et des cheveux en bataille qui ont dû donner des dépressions à tous les coiffeurs.

« – Et tu fais quoi ?

– Ben, euh, je suis auteur. »

Il mime un mec qui rame et se marre.

Je ris. J’ai ri.

Dans la réédition de son dernier album « Âme fifties » augmenté d’un CD bonus supplémentaire, il reprend des morceaux en version acoustiques plus des chansons de son répertoire. D’un coup, des morceaux comme « On avance », « Presque », « Un terrain en pente » ou « Portbail » prennent une autre dimension. Un piano ou une guitare pour accompagner cette voix si connue, si intime et qui sait tellement bien interpréter ces textes, avec la juste distance.

Pour moi, Souchon, quand tu l’écoutes en interview, c’est l’histoire d’un type célèbre qui raconte la vie des gens qui l’écoutent et qui rêvent d’être comme lui qui voudrait être eux… D’ailleurs, si tu ne l’as pas fait, écoute cette émission formidable avec Rebecca Manzoni, c’est une heure de pure bonheur à écouter ICI.

Et puis la mélancolie. Ma drogue, clairement. Et là, avec ces versions, le clou ne peut pas être plus enfoncé. Dans le cœur et dans l’âme, la vague est de taille. Mais comme le répète à chaque concert cet – autre – génie de Gregory Alan Isakov « Les chansons tristes me rendent joyeux ». Bref, si vous avez un peu de temps pour écouter ou redécouvrir un artiste qui reste un joyau de la chanson française, foncez.

« Tous ces petits moments magiques de notre existence, qu’on met dans des sacs plastiques et puis qu’on balance »

Tais-toi et rame, oui.

Auteur : Lilian Lloyd

Auteur, metteur en scène, scénariste, comédien, compositeur pas encore mort (1973-2000 et des poussières)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.