Tu vois,
Tout ce que tu as traversé, tout ce qui te mène jusqu’ici. Mille contraintes pour forcer les muscles à se durcir, autant de vents contraires pour mieux ancrer la pointe des pieds dans le sol et bien des chutes pour donner de l’élan. Ces détours pour combien de fois te surprendre. Que du futile à hurler la colère la gueule ouverte face à la tempête. Qui s’en fout de tes humeurs.
Les coups pour embellir de bleus, de rouge, de violet, de jaune une peau qui sait être un arc-en-ciel. La douleur qui s’embrasse à pleine bouche pour la cueillir et savoir l’abreuver de larmes puis un jour, savoir lui mettre la tête en bas et la laisser sécher. Le salut aux brisures sachant dessiner des cicatrices qui racontent ce qui est réparé.
Tout ce qui t’a traversé, avec violence, frontal ou effleuré, et chaque contact qui a malaxé la chair, laissé une trace de son passage, une preuve que rien n’a été fantasmé. Les petits pas allergiques à ce qui ne se meut continuent leur chemin, laissant derrière eux des cailloux signés de mots. Aucun pour revenir en arrière, mais pour qu’on s’y retrouve.
Les mouvements à épouser et savoir danser avec eux, même au bord du précipice et adresser un baiser à la peur du vide. Et l’instant d’avant, de tous les instants d’avant, des instants donnés, s’offrir un sourire dans la détermination de soulever cette montagne là. Et tant d’autres. Tout se lie dans le liant, comme des mains un jour qui se sont si serrées à en devenir blanches comme ces murs qui vous entouraient.
Passeur passager, par là où tu es passé, tu peux te dire,
Tu vois,
ça a été.
Oui, tu vois,
ça va.