Une histoire d’hommes (où les femmes ont leur mot à dire)

Novembre 2016

Avril 2017

Entre ces deux photos, quelques mois. Quelques mois de travail, intense, avec peu de relâche. »Le Klan » est enfin né sur scène ce 24 avril 2017 à la Comédie de Paris. Drôle d’endroit pour naître. Mais l’écrin n’était pas mal du tout et l’accouchement s’est bien passé.

Cette pièce est née d’une histoire de complicité, de bonhommes qui se sont rencontrés il y a quelques petites années. En peu de temps, je me suis pris d’affection et d’amitié profonde pour Alex, tout d’abord deux spectacles pour la Compagnie Amathéa et puis très vite les projets plus persos « Même pas en rêves », « Sur l’échelle de Glasgow », « Si tu me quittes, je viens avec toi ». Il rejoint aussi « C’est un beau roman ». Et l’année dernière, je lui parle d’un projet que j’ai dans la tête depuis des années, mais que je n’ose pas écrire, le KKK, les USA, les années 80… Et Alex et sa grande conscience politique me dit « vas-y et on la monte ».

Il ne fallait pas m’en dire plus. Le mois d’août chez Emeric et en cinq jours à manger des documents, à lire, j’écris « Le Klan ». Quelques semaines plus tard, première lecture et Bénédicte Bailby à qui j’ai parlé de la pièce durant le festival d’Avignon est déjà là pour donner ses indications et me faire comprendre qu’il va falloir que je souris si je veux jouer ce rôle et qu’Alex va devoir se salir un peu la bouche pour être ce type du KKK. Encore quelques semaines plus tard, Victoria et Emilie sont finalement castées pour être Kate et Betty. Chacune avec de grandes qualités, la technique et la précision pour l’une et la rugosité des émotions pour l’autre. L’équipe au complet part en résidence à Louvigné du désert pour une semaine épique à la fin de laquelle nous parvenons à jouer une première mouture de la pièce.

Tout s’accélère encore avec Thomas Baudeau, là depuis le premier jour et qui nous suit et qui nous permet de faire une lecture à la Huchette le 8 décembre. Je suis au bout de ma vie, ma gorge me tue, mais on fait une lecture visiblement puissante. Il faut aller jusqu’à fin janvier et un refus poli d’un producteur pour que Thomas décide de passer à la vitesse supérieure, me remonte d’un coup et dise « on la monte ». Nous sommes donc parti début mars pour monter cette pièce et après un faux démarrage pour Bordeaux, nous voilà programmés pour le 24 avril à la Comédie de Paris, donc.

Sur ce spectacle, tant de belles personnes ont fait en sorte qu’il devienne un objet captivant. Tout d’abord, Michel Jouveaux, qui a signé une musique exceptionnelle, parce que je voulais une bande son, comme dans un film, avec des thèmes forts et un son de 1984. Ce mec est un génie, et je pèse mes mots. Lundi, pendant la balance son, je me suis posé sur un fauteuil et en l’espace de cinq secondes, pas une de plus, j’ai chialé ce que je pouvais pleurer, avant de me reprendre dans un effort surhumain.

Emmanuel Charles qui a fait la scénographie, est un GRAND monsieur. Il travaille avec les plus grands (les opéras, Fau, etc) et donne du crédit à notre projet en nous apportant sa créativité. Après quelques rendez-vous, je lui parle d’un cadre photo brisé et il revient quelque temps plus tard avec son concept que j’adore et qui nous donne une liberté incroyable dans le jeu.

Julia Allègre, aux costumes, qui va tellement vite et qui, en un clin d’œil, t’habilles des pieds à la tête. Avec elle, j’ai appris à porter un pantalon jusqu’au nombril. Tout son travail a été fantastique, même si j’ai choisi, visiblement, la pire année qui soit en terme de mode…

Encore une fois, Thomas a été fantastique tout du long et l’est au quotidien. Ma reconnaissance lui est acquise éternellement. En ces heures où si peu de producteurs prennent de vrais risques ou tant d’entre eux daignent même te répondre, Thomas a un sens affûté de sa définition du théâtre. Si on ne fait pas les choses pour faire bouger les choses, autant ne rien faire. Il y croit, il donne les moyens, de tout.

Bien sûr, Bénédicte est le lien, une pierre angulaire, fine, sachant saisir toutes les subtilités, exigeante. Elle nous rend meilleurs à chaque répétition, même si on galère, rien n’est négatif et même si je ne suis pas toujours d’accord, elle finit souvent par avoir raison…

Je pense aussi à Patrick qui fera un jour la création lumière de ce spectacle et Théo qui m’a préparé physiquement pour être plus sec, plus nerveux pour ce rôle, passant de 84 à 77kg. J’ai aimé me préparer ainsi et l’exigence, la discipline a motivé notre travail.

Et ce lundi 24, vous étiez 180. Vous nous avez portés. Merci à vous aussi, pour avoir été là, pour vos retours, pour les débats qui s’en sont suivis. Nous faisons tout maintenant, tout ce que l’on peut faire pour que cette pièce existe au grand jour pour le grand public. En y arrivant, cela donnera un sens à tous mes engagements, professionnels et humains. Si j’échoue, je serais malgré tout heureux de fermer vingt ans de ma vie sur un tel projet.

Mais pour le moment, je n’imagine pas de plan B, c’est le meilleur moyen de planter le plan A.

Entre nous, ça ne fait que commencer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur : Lilian Lloyd

Auteur, metteur en scène, scénariste, comédien, compositeur pas encore mort (1973-2000 et des poussières)

Un commentaire

  1. Tu arriveras toujours là où les autres n’y croient pas parce que cela fait partie de toi ;o)))
    Et le plus beau c’est que c’est contagieux et que tu nous y entraînes avec toi !!!
    Longue vie au Klan !!!

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