Chère Sam,
Je ne suis pas du genre à m’adresser aux défunts via Internet et pourtant, te connaissant si connectée de ton vivant, j’ai envie de croire que tu l’es, là-haut où que tu sois. Alors, si tu traînes encore tes yeux par ici, voilà une nouvelle qui te ravira. Ou pas. Lorsque j’ai écrit « Une femme debout » et que je te l’ai offert pour ton dernier anniversaire parmi nous, tu m’avais gratifié d’un délicieux « connard » en guise de remerciement. Sûrement qu’à la lecture de ceci, tu prêteras alors à ma mère un métier qu’elle ne faisait pas et dont je pourrais être le fruit… Ma mère étant un ange vivant, et n’ayant parcouru les trottoirs que pour les enflammer de son incandescente beauté, je prendrais donc cette insulte comme une nouvelle forme de merci.
« Sur l’échelle de Glasgow », dont la première se fera samedi 16 mai à 14h30, dans le cadre exceptionnel du festival de Maisons-Laffitte, est un spectacle qui t’es dédiée. Oui, à toi. Et puis aux tiens, Christophe, Manon, Thibault et Emilie. Je les regardais lors de ces jours sombres de décembre se pencher sur toi alors que tes yeux ne s’ouvriraient plus, et ton bonhomme de me demander « à quoi elle pense, là ? ». En partant de cette question, nous avons construit, Sonia, Marine, Aurèle, Clarisse, Alex et moi, une réponse. Parfaitement subjective et peut-être pas très juste médicalement. Moi, j’ai eu envie de m’appeler Sam et commencer la pièce en me posant une question « c’est qui le type qui reçoit la première goutte, la toute première d’une averse ? » et de clore l’histoire sur la question la plus anecdotique du monde qui, je le souhaite, devienne la réplique la plus porteuse d’espoir de mon répertoire…
Alors, si tu n’as rien à foutre samedi prochain, on te réserve un siège dans la salle Malesherbes. Tu verras, on parle de toi, on parle beaucoup d’amour, on parle que de belles choses, on parle même d’un connard cynique qui se met à espérer.
A dans trois jours, beauté.