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Des soirées comme hier,

A jouer « Un gramme de lumière » à l’Espace Beaujon et à peine terminé, se rendre au La Bruyère pour assister à la dernière de « Comme un arbre penché », demandent d’avoir un cœur solidement accroché.

Le personnage de Harvey, si complexe, n’a pas fini de me hanter et sûrement, au fond, que je le joue pour pouvoir m’en détacher. C’est éprouvant. Mais je suis heureux d’avoir vu encore du public venir et nous soutenir dans notre démarche. La prochaine date aura lieu le 1er juin en clôture du Festival de Maisons-Laffitte, où nous avions gagné l’année dernière.

By Deville
By Deville

Sortir de ces émotions-là, croiser quelques regards connus ou inconnus, puis courir pour venir entendre les dernières répliques données par Francis Perrin. Une salle noire de monde pour l’occasion. Monde qu’il aura manqué durant la programmation, mais les dates de tournée vont venir combler ce manque dès janvier prochain. Francis, Gersende et Patrick m’ont fait l’amitié de m’inviter sur scène pour venir prendre quelques applaudissements. D’une grande obéissance, je me suis exécuté, et sous l’excitation, je n’ai pas calculé qu’une partie du plafond faisait bien moins que 1m82 et ma tête s’est révélée moins solide. Bref, je me suis ouvert le crâne et fait une bosse comme ça et j’ai remporté le prix du dernier gag de la soirée. Assommé, je n’ai simplement pas eu la présence d’esprit de saluer véritablement. Et je pense que dans mes fringues de Harvey, jean et débardeur blanc, une partie du public a sûrement eu du mal à imaginer que c’était moi l’auteur. Personnellement, je me serais pris pour un peintre en bâtiment.

De retour en coulisses, le coup que je m’étais pris s’était propagé dans la tête de tout le monde. « C’est un bosquet d’évidences et une forêt d’incompréhension » ai-je entendu dire. Beaucoup d’émotions, de peines, des sourires réconfortants et puis la confiance dans l’avenir. « Elle va rebondir, on va revenir »… Alors, pendant ce temps, rouge, blanc, tout y passe et on s’enivre en attendant. Je retiens encore quelques regards, quelques poignées de mains, la tendresse infinie de Patrick et puis il sera de rentrer.

Au pied de l’arbre qui vient de tomber, me penchant à mon tour, tout à découvrir et de jolies pousses, surtout. Ces 40 ans se finissent ainsi, sur une année charnière, riche et concrète. Et j’aurais sûrement plaisir à vous annoncer de bonnes nouvelles dans les semaines à venir. Non, je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer et bien des projets plus confidentiels se mettent en place et j’ai bon espoir pour eux.

Au fond, j’ai envie de vous dire que ça va. Parce que ça va. Je ne sais toujours pas d’où je tire cette confiance qui même dans les noirs moments m’éclaire un peu. Je comprends simplement que j’avance et que rien n’étanche cette soif d’apprendre, de venir au contact, de prendre des risques, d’initier et d’écrire d’autres vies.

Je vais avoir 41 ans et ce soir, je m’endors dans le lit de mes 14. A cet ado, j’arrive à lui dire aujourd’hui, « bonhomme, ça prend du temps, mais je réalise tes rêves. »

Auteur : Lilian Lloyd

Auteur, metteur en scène, scénariste, comédien, compositeur pas encore mort (1973-2000 et des poussières)

2 commentaires

  1. Bonjour,
    j’ai vu “un gramme de lumière” jeudi soir. Vos mots sonnent toujours aussi juste, merci de nous les faire partager!
    Si le sujet de la détention vous intéresse, je me permets de vous recommander ceci: https://www.facebook.com/jeanmarcmahy4000
    Sa pièce, “un homme debout”, est poignante; elle n’est pas programmée actuellement mais il me semble qu’elle tourne assez régulièrement.
    Bien à vous.

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