Sam,
J’ai donc testé les 40 ans avant toi et ça, c’était prévu de longue date. C’était logique. Moi le 23 mars et toi, ce fameux 17 septembre.
C’était prévu de longue date, pour que je te dise que 40, bon, ben, c’était pas si grave, que de toute façon, tant qu’on avait une âme d’enfant, bref, etc.
Ce qui n’était pas prévu de longue date, c’est que tu nous forces à fêter désormais, plus tristement, un autre anniversaire le 11 décembre.
Je ne suis pas un homme focalisé sur les anniversaires de ce genre et je pense sincèrement qu’il faille toujours laisser partir, laisser en paix ceux qui partent, pour se focaliser sur les vivants. Mais toi, tu prends de la place, coquine. Il y a un an, je t’offrais « Une femme debout », petit bouquin qui parlait de ton combat au quotidien, que j’avais fait édité en un exemplaire chez Lulu. T’avais pas pleuré. T’avais juste trouvé la parade en me traitant de « connard » ou un truc dans le genre, qu’il me fallait prendre pour un merci. Si j’ai bien compris, hein ?
Un an après, de là où tu es… D’ailleurs, t’es où ? J’avoue, j’ai demandé autour de moi, mais chacun y va de son interprétation. Tu m’as l’air d’être partout et nulle part à la fois. J’ai parfois l’impression que tu utilises tes petits muscles pour prendre soin des tiens, comme si tu bougeais une mécanique céleste pour que des situations se débloquent. Alors, disons qu’un an plus tard, vu d’en haut, j’espère qu’il y a assez de mouvement ici bas pour que tu passes du bon temps à nous regarder nous démener comme on peut. Ton absence si présente est dans tous les cœurs et ça me vaut quelques ulcères à marteler qu’il faut avancer et ne pas regarder derrière.
Je sais, je sais qu’on fait comme on peut, avec ce qu’on est et ce qu’on est, on y met toute notre force à être meilleur. Si certains boitent depuis ton départ, j’ose penser qu’ils marcheront de nouveau et qu’ils courront, plus vite, plus sûr, sur les plages à t’envoyer quelques mots d’amour. Moi, j’ai cru que je pourrais continuer à te faire parler ici, femme debout, mais je ne m’en suis pas senti l’envie, ni le droit ou même la force.
Que les morts se taisent afin qu’on puisse parler entre nous.
Je crois qu’un jour, j’ai dû te dire « les vivants, toujours les vivants ». Toi qui combattais depuis neuf ans avec toute la force que pouvait avoir un vivant, tu m’as sûrement répondu que tu me faisait des « gros poutoux ». Sur ton cercueil, j’ai vu 1973, cette même année que nous partageons. J’ai pensé que c’était un peu moi aussi et puis, je me suis répété, à la méthode Coué « les vivants, toujours les vivants ».
Depuis le 1er décembre dernier, ce foutu sms qui survit dans mon téléphone dit « Tu es au fond de mon cœur et je suis toujours derrière ta ptite z’oreille. J’aime. » Sam, ça chatouille. Au moment où je l’écris, mon oreille siffle. Va voir là-haut. J’y suis pas, non, pas pour le moment, j’ai encore un cul ou deux à botter ici.
Vu d’en haut, tu es la seule à qui j’autorise de rire de ma tonsure qui pousse. Et fais bouger tes petits muscles, pour faire bouger les mécaniques célestes, tout ça, tout ça.
Pour les autres, hein, pour moi, ça va, ça ira, ça rira.
Salut Cheyenne
Merci « connard »
MAGNIFIQUE, merci infiniment c’est vraiment trop beau et on sent tellement de choses que voilà quoi dire de plus.
Octobre arrive….il sera rose chez nous et pour l’occas’ et nourrir quelques théâtreux qui nous ferons de belles images pendant la journée du 12/10, je leur ai fait lire plusieurs textes de « femme debout »…pour toutes ces femmes debout qu’on a autour de nous!
Je t’enverrai une photo un de ces quatre… Gros bisous Caro
Vous allez les représenter ?
Non sinon je t’en aurai parlé. On se contente de faire du théâtre image et des interventions ponctuelles courtes dans la ville pour sensibiliser à l’action mise en œuvre par le collectif « Octobre rose » de ma ville.