Une Femme Debout.
Je pensais vous la présenter dans quelques mois. Je pensais vous la présenter le jour où le livre sortirait. Je pensais vous la présenter pour qu’elle signe ce livre où je l’ai tant de fois fait parler. Je pensais vous la présenter pour que vous compreniez qu’elle est sûrement plus grande que tout ce que j’ai pu écrire à propos d’elle. Je pensais vous la présenter parce qu’elle est la personne la plus présentable du monde. Je pensais vous la présenter parce que… Parce que.
Je pensais.
Nous étions au mois de septembre. Sam, depuis 9 ans, après le sein, le péritoine, le foie, apprend que le cancer s’attaque maintenant au cerveau. Pronostics pessimistes. Et malgré tout, portée par une soif de vie sans précédent, Sam ne s’avoue pas vaincue. Je la regarde, et je lui envoie un petit mot » T’es une femme debout « . Elle me répond » Une femme debout, ça j’aime « . Au mois de novembre, son oncologue, incrédule, lui apprend la rémission totale de la tumeur dans sa jolie tête. Nous fêtions ceci avec joies et espoirs.
Entre temps, j’ai commencé à écrire ici un peu de son histoire, un peu de la mienne et un peu de tout ce que j’ai vécu, vu, ressenti aussi à travers le périple d’Emilie dans cette vilaine chose pour laquelle aucun Téléthon n’existe. Le cancer, le sien, j’ai voulu l’appeler un » excès de vie « , car il s’agit bien de ceci, une multiplication de cellules. Un trop de vie. Entre temps donc, j’essaie au mieux de traduire ce que Sam vit et traverse. Elle s’y reconnait et s’y accroche et l’incroyable relation fusionnelle qu’elle tisse avec Emilie m’inspire davantage. Je reçois aussi des messages d’encouragements, des femmes, malades ou non, me parlent de cette femme debout. Des hommes aussi, des accompagnants. J’en parle à Sam et ça l’amuse et le menton haut, pleine d’humour, elle dit que oui, c’est elle la femme debout.
Vendredi dernier, le souffle un peu long, difficile, les yeux hagards qui se ferment sous une lourde fatigue, je lui dis encore » T’es une femme debout « . Elle me demande si je l’aime et je lui réponds que oui, je l’aime.
Je t’aime, Sam.
Je rajoute » T’es debout, Sam, même allongée, t’es tellement debout « . Elle me répond » C’est vrai en plus « .
C’est vrai en plus.
Elle est partie ce matin, vers 11h30. Gourmande qu’elle était, je pensais qu’elle attendrait le déjeuner. Facétieuse qu’elle était, je pensais qu’elle attendrait demain pour faire 12/12/12 sur la pierre tombale. J’ai pensé à ça, oui, dans l’humour. Dans l’humour oui, parce que c’était elle l’humour, la vie, le rire. Et dans l’humour oui, parce que je suis brisé et parce que je suis brisé, je fais cet humour dans lequel elle se drapait si facilement par pudeur, par classe, par élégance pour ne pas montrer sa douleur, à nous, à sa famille qui l’aimait tant.
Sam venait d’avoir 39 ans. Nous sommes de la même année. Elle laisse un trou béant dans nos vies. Parce que si j’avais pu vous la présenter, vous l’auriez aimée Sam, parce qu’elle ne vous laissait pas le choix. Elle débarquait comme une météorite dans votre jardin et de tout ce qu’elle était naissaient bien de jolies choses. Avec Sam, la peur prenait le trottoir d’en face. Sam pouvait retirer son foulard et foncer tête baissée – et nue donc – dans le premier type de deux fois sa taille qui voulait lui griller la place dans la queue d’un supermarché. Je ne vous mens pas. Sam ne riait pas, elle était le rire, elle le croquait à pleine dent.
Je pourrais ici vous dire mille anecdotes la concernant alors que notre amitié était si neuve, mais j’en garde quand même un peu pour moi, un peu pour nous, un peu aussi à partager avec elle qui, si elle est partie, ne nous a malgré tout pas quittés. Ce soir, je ne veux me dire qu’une chose et une chose seulement, il nous faut grandir avec ce qu’elle nous a donné. Et dans ce qu’elle a donné, il y a tant de graines pour construire de grandes joies. Cela prendra du temps, mais nous voulons tous rayonner plus fort pour faire pousser tout cela plus vite et en récolter de grandes espérances.
Pour ses enfants, Thibault et Manon, son mari, Christophe, pour sa famille, la fin du monde a commencé dix jours plus tôt. La fin d’une histoire, oui, le début d’une autre aussi. J’ai croisé ces deux enfants, même s’ils sont déjà bien grands, et je m’en suis décrété parrain. Sans leur en laisser le choix, oui. Mais tout cela s’est fait si simplement, si naturellement que maintenant, la chose est entendue. Cela aussi Sam l’a réussi, à nous lier de manière aussi forte et durable. Et puis Christophe, qui connaît Sam depuis l’âge de 12 ans. Ce bonhomme, je l’admire de tout mon être et sa force, cette force… Oh oui, je crois bien savoir où Sam venait puiser un peu de la sienne. Ils sont quatre. Ils resteront quatre. Lorsque nous prendrons dans les bras tous ensemble, il y aura toujours un espace pour Sam.
Enfin, Emilie et Sam, deux amoureuses absolues. Je leur laisse à elles leur histoire, leur découverte autour d’un projet photo pour » Rose Magazine » sur le Pont des Arts. Emilie saura mieux la raconter que moi. Elles sont devenues inséparables, le battement de cœur de l’une en réponse à l’autre. Moi, j’ai assisté à ça, un sourcil en l’air et puis Sam m’a emporté avec elles. Emilie a, je crois, fait des photos absolument sublimes de Sam. Leur combat en commun, leurs angoisses, leurs espoirs, leur sourire, leur regard puissant. Tout pour les lier à vie. Et même au-delà, donc.
A l’une, je dis merci. Je dis bonjour, au revoir. Je peux même lui dire gentiment de sortir des toilettes quand je m’y trouve parce qu’elle est partout. Partout. Photos, cadeaux, Sam existe partout dans cet appartement. Mais je lui dis merci.
A l’autre, je lui dis continue. Continue d’avancer, de grandir, de faire grandir, tu sais, les petites graines, tout ça, les peurs à balayer, les pleurs à dégager… Continue. Toi aussi, n’oublie pas, tu es une Femme Debout.
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…
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Pour ma part, j’ai une peine insondable, mais une joie beaucoup plus grande d’avoir connu cette femme-là. Continuerai-je à la faire parler ici, est-ce que j’irai au bout de ce que j’avais commencé ? Ses enfants, son mari me le diront. Je n’ai pas l’intention de faire quelque chose qui pourrait être ressenti de manière déplacée. Et de toute façon, aujourd’hui, là, maintenant, ma tristesse floutent bien trop mon regard pour en dire davantage.
Alors, ce soir, je vous propose de lui faire une standing ovation. Même devant votre écran.
Tous debout.
Merci lilian pour ce message d’amour envers ma sœur qui était un rayon de soleil. Que notre histoire de vie fut compliquée à elle comme a moi mais l’amour que je lui portais était grand. Je vous remercie Émilie et toi de lui avoir fait vivre des instants magiques. Je vous embrasse. Virginie sa petite sœur
Virginie, tout ce que je pourrais dire et écrire sur ta sœur restera en deçà de ce qu’elle est. Je m’efforcerai toujours d’être au plus près de sa vérité, de celle de ses enfants, de son mari. Merci pour ce mot en tout cas.
merci lilian je sui une des amie proche de Manon cette nouvelle etait terrible mais je savait que sam etait une maman aussi extraordinaire que Manon maintenant je voulait vous dire que ce que vous avez ecrit sur samantha etait juste magnifique ca ma beaucoup touche <3 …. Maria amie de manon
bonjour,ce que vous dites et vraiment tres emouvant.je ne connaisser pas du tt cette personne et pourtant je me sens triste.je presemte mes sinceres condoleances a sa famille.Quelle repose en paix.ce combat contre la maladie est aussi le mien.une tres grosse pensèe a vs a Emillie et a sa famille.khadija.
Je ne connaissais pas Sam, mais j’avais appris à l’aimer grâce à tes écrits Lilian. Elle est entrée dans ma vie et sans façon, le sourire et les yeux pétillants d’humour elle est devenue mon amie. Comme elle est belle! Elle restera toujours cette femme debout, cette femme extraordinaire.
C’est debout que tous, je vous embrasse très, très fort.
Là-haut, une étoile dit » Tu vois tu n’as pas voulu m’écouter. Pourtant je t’avais prévenu qu’en restant tu aurais des emmerdes ! «
Je ne vous connais pas, j’aime rose magazine, j’ai lu et cliqué et suis arrviér sur cette page. je ne vous connais pas mais je me suis levée, devant mon écran, pour toutes ces femmes qui disparaissent comme des étoiles filantes, trop vite, trop jeunes, pour toutes ces femmes qui se battent, qui nous font partager leurs sourires et leurs joies de vivre. Je me suis mise debout, à regarder les étoiles et je me dis qu’au ciel, elle veille sur vous maintenant, avec tous ceux qui sont partis trop vite. je vous dis merci de partager votre chagrin, qui me fait prendre encore plus conscience que notre vie doit être vécue quoiqu’il nous arrive avec douceur et bienveillance. Bien à vous tous, Florence
Bien sûr, je ne connaissais pas Sam mais je connaissais cette femme debout.
Bien sûr, son histoire était bien tristement singulière mais son histoire n’était pas loin d’être la nôtre. Par tes mots, par les photos d’Emilie aujourd’hui.
Bien sûr, nous sommes tristes. D’aucun pourrait se dire qu’il est étrange d’éprouver du chagrin pour une personne que l’on ne connaissait pas mais l’humanité de Sam mêlée à la tienne, la complicité de cette photo de famille, tout cela nous conduit à penser si fortement à Manon, Thibault et Christophe.
Bien sûr, nos mots ne soulageront pas leur peine mais qu’il sachent que nous avons aimé leur maman et leur épouse sans la connaître. Il ne m’est pas difficile d’imaginer à quel point ils devaient l’aimer, eux qui la connaissaient.
Ce soir, je n’applaudirai pas mais je resterai debout un peu plus longtemps.
Hervé
Nous sommes très peinés d’apprendre ce matin cette terrible nouvelle. Nous avons connu Sam en tant que maman pleinement investie dans l’association des parents de l’école Sainte-Jeanne d’Arc. C’était un grand plaisir de travailler avec elle. Toujours enthousiaste pour des projets, pour tout ce qui peut concourir à rendre les enfants plus heureux à l’école. Son départ nous touche beaucoup. Nous étions plusieurs ce matin à évoquer sa mémoire. C’était une grande dame et un exemple pour nous. Nous embrassons toute sa famille et Thibault et Manon et Christophe.
Association des parents de l’école Sainte Jeanne d’Arc
39 ans…comme quelqu’un que j’ai bien connu…pas assez tu me diras…mon père. Sam je ne te connaissais pas…toi…Sam…mais les mots de Lilian me font penser que tu étais une femme exceptionnelle. Debout. Alors je t’envoies où tu es et d’où je suis, un sincère hommage. Jérémy.
Vraiment merveilleux, magnifique,sublime tout comme sam
Merci Lilian pour ce magnifique hommage sur mon amie Sam que je connais depuis l’âge de 12 ans car je suis un ami d’enfance de son mari Christophe et nous avons partagé de grands moments dans le Morvan. A cette époque je savais déjà que Sam et Christophe feraient leur vie ensemble mais je n’avais pas prévu qu’elle s’arrêterait si brutalement.
Les kilomètres qui nous séparent ne me permettront pas de l’accompagner dans sa dernière demeure mais mes pensées et mon coeur seront présents à jamais auprès d’elle, de Christophe, Manon et Thibault. Mes pensées vont également à sa soeur Virginie, ses parents, sa cousine Séverine et Mme Capliez sa grand mère. Merci encore à toi Lilian. Et mardi je serais debout pour Sam. Serge
lilian ton hommage pour sam est émouvant, boulversant confirmant la chance j’ai eu de connaitre sam et l’amitié que je lui portai venai du coeur,coeur brisé car cela est dur pour moi,aprés le temp et la distance,la disparition qui nous sépare de cette amie d’enfance rencontré en 1986 dans le morvan,confiancen,confidente,la joie de vivre,son sourire communicatif,son regard avec cette étincelle qui touchait nos coeurs et le plaisir de se retrouvrer a chaque fois pendant les vacances et la tristesse au moment du retour.Je suis pris de regrets et de remords de ne pas l’avoir revus pendant toutes ses années,certe on a fait nos vie chacun de notre coté mais les souvenirs sont restés en nous d’une époque et on se dit pourquoi le temps nous a pas permis de se revoir cela est injuste,cruelle.
en tous les cas mardi je serai debout pour sam,debout en me disant que ton combat a été exemplaire et doit nous servir de leçon et qu’il faut se battre et que l’espoir doit rester dans notre camp.Au revoir amie sam que les anges te protége
immense pensée a mon amie christophe et ses enfants thibault et manon a Mr et Mme tanneur a sa cousine severine et son frére ainsi qu’a Mme capliez sa mamie
christophe.G
Courage et combat , à l égal de Sam.
Merci pour ce message
C est Christophe le mari de Sam
Petit mot pour vous remercier tous du fond du cœur
Vos témoignages me touchent énormément et je vous en remercie
Thibault Manon et moi sommes très bien entourés pour traverser cette très douloureuse épreuve
C est injuste et inadmissible qu une si belle maman, épouse, fille, petite fille, sœur,cousine, nièce, belle fille, belle sœur, tatie, marraine et amie disparaisse aussi jeune
Notre rayon de soleil s est éteint pour retrouver les étoiles et depuis la plus belle des étoiles scintille au dessus de nos têtes
Thibault Manon et moi vous embrassons et vous remercions pour tous vos témoignages
Christophe
Les mots …mais l’émotion est forte et la communion avec Sam et son entourage est réellement présente. Son sourire est extraordinaire…je me lève avec vous et je vous embrasse comme pour faire hommage à ce goût des autres et de la vie de Sam!
J’ai connu cette femme au sein de l’équipe de l’APEL, là où mes 3 enfants sont ou ont été scolarisés. Une femme qui avait toujours le sourire et qui s’investissait beaucoup, et surtout d’une très grande gentillesse.
Mes pensées vont à ses enfants, son mari, ses proches. Très beau témoignage, très prenant même si on ne l’a pas connu.
Debout. DEBOUT !!!
Plus que jamais ! De tout cœur avec vous.
Les yeux verts de Sam et son parfum Eau de Rem. Parfum d’été et de la mer.
Je continuerai à respirer ce parfum dans les parfumeries, comme je l’ai souvent fait, sans jamais oser me l’approprier, puisque c’est son parfum. Même si je l’avais perdue de vue depuis que nous ne nous côtoyions plus à l’école. Merci pour ce témoignage, pour cet hommage à toute cette force, à cet exemple.
Sibylle
Je suis de tout coeur avec vous et notamment avec Manon, ma copine d’école primaire, ma « maman massaï » du CP : j’ai plein de bons souvenirs avec toi et j’espère qu’on se reverra bientôt. Je t’embrasse très très très fort.
Héloïse
Cette nuit je lis de nouveau ton texte Lilian et les commentaires qui suivent et qui accompagnent Sam ….
Je ne saurai jamais comment te remercier Lilian pour ces si jolis textes que tu écris….. Putain que ça fait du bien de te lire, qu es ce que c est bon…….
Un simple « MERCI » mais dont tu connais la signification ….
Christophe, le mari de Sam
Aujourd’hui cela fait un an que Sam nous a quitté. Je pense très souvent à elle et je trouve toujours aussi injuste qu’elle soit partie si tôt. J’ai connu Sam en 2O11 lors de l’entrée de nos filles en classe de sixième. Nous nous sommes côtoyées à travers l’école et si au fond je la connaissais peu cette rencontre m’a énormément marquée.
Sam était tellement rayonnante et il émanait d’elle une telle force !
Mes pensées vont également vers Manon, Thibault et Christophe.
Et merci à vous pour les très belles choses que vous avez écrites à propos de Sam.
Florence, maman de Flora
Un an maintenant passé.
Pensées pour Sam et toute sa famille.
Carol.