Une Femme Debout 6

Les jours, ces derniers temps, ont une saveur que je ne leur connaissais pas.

Cet excès m’offre un curieux tour de manège.

Foutue montagnes russes.

Foutues nausées.

En temps ordinaire, tout cela se suit normalement, les mardis toujours après les lundis et ainsi de suite. On y met des points de repères, les vacances, les anniversaires, les dossiers ici, les devoirs par là. Parfois, la seule question existentielle qui peut nous parcourir sur une seule journée sera de trouver la réponse à la question « frites ou potatoes ? »

S’endormir et se réveiller, moi aussi, je l’ai fait tant de fois. Sans jamais y prendre vraiment garde. Jusqu’à maintenant.

Est-ce vrai l’histoire de ces juifs qui font une prière le soir pour demander à Dieu d’être de ne pas mourir durant la nuit et qu’au petit matin, ils en font une autre pour le remercier de s’être réveiller ?

Je devrais peut-être m’y mettre. Mais les seules fois que j’accepte de joindre mes mains, c’est pour applaudir mes enfants dans leurs exploits respectifs ou refermer un livre qui m’a lassé après trois pages.

Alors, ça se passe au-dessus ? L’adresse doit être verticale, c’est ça ? Mais quand on n’a jamais cru, on fait comment ? On regarde le ciel et on dit « c’est quoi ton 06 ? »

Quand on ne sait pas, on se retourne vers ce qui nous fait, non ?

Moi, ce qui me fait, c’est ce que j’ai enfanté, comme amour, comme amis, comme petites versions de moi. Je prends dans les yeux ce qu’il y a de plus beau dans chaque au revoir. Le « revoir ».

Si ton regard est emprunt de la peur de me voir pour la dernière fois, il ne nourrie aucune Foi. Il faut que tu comprennes que je viens chercher un peu d’air dans tes prunelles. Un peu d’air pour que ma flamme ne vacille pas. Je porte le feu.

Les jours, ces derniers temps, ont une saveur que je ne leur connaissais pas. Ils sont si importants. Je les compte, oui. J’entame même un décompte si tu veux tout savoir. Il n’y a pas de raison, aucune, pour que moi aussi, mon amoureux ne m’emmène pas courir de nouveau sur la plage.

Aucune.

Même si c’est pour cent mètres. Même pour dix, je le bougerai mon gros cul pour m’écrouler dans les bras de mon homme, de mes gosses. Et ils me regarderont avec ces yeux embués de bonheur.

Et moi, je le verrai, dans ces regards. Je le verrai, je lui sourirai, je lui donnerai ma première prière, les mains jointes.

Je le verrai. Le « revoir ».

Auteur : Lilian Lloyd

Auteur, metteur en scène, scénariste, comédien, compositeur pas encore mort (1973-2000 et des poussières)

Un commentaire

  1. « Revoir »
    Dans ce simple mot tout est dit. Revoir enfants, mari, amis, la vie, des bras qui enlacent, un baiser. Garder encore un peu d’espoir !
    Mince alors, si je pouvais lui donner un peu de mon excès de vie je le ferai. J’ai presque honte de dire moi je suis en vie.
    « Cette femme debout » est tellement réel que j’ai envie de lui dire :
    nous nous reverrons, arrête le décompte, la vie n’est pas fini ….. tu es encore debout, reste le pour toi, pour moi, pour nous, un dernier effort ….. reste DEBOUT ! je veux te REVOIR encore et encore …….

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