Ce qui coule en moi, c’est la vie. J’en ai tellement que je l’ai donnée. Deux fois. Et j’ai dit oui au maire pour la partager avec cet homme-là.
Ce qui coule en moi, c’est la vie, ça n’a jamais été rien d’autre. Aujourd’hui, en tripotant nerveusement son stylo, lui, dans sa blouse blanche, il me dit que j’en ai trop. Un excès. Un excès… Les seuls pour lesquelles je veux bien plaider coupable sont ceux qui concernent ma générosité, mes éclats de rire ou mes colères à l’emporte-pièce.
Donc, j’ai trop de vie. Trop, c’est bien de ça dont on parle. Quand j’entends ma fille me dire que son après-midi, c’était trop bien, c’est que c’est pas bien alors. Je suis alors trop comme nana. J’ai trop de dents dans ma bouche quand je souris, j’ai trop d’amour pour mes enfants, mon mari, mes amis, j’ai trop de tendresse pour mon chat, trop de gourmandise devant une glace, trop de retenu face à la connerie, trop de douceur quand je caresse des cheveux… Trop de kilos. Mais ça, c’est à cause du trop de gourmandise devant cette foutue glace.
C’est vrai, je suis trop comme nana. J’ai trop la haine.
Un excédent de vie, faut être sacrément perché pour t’entendre dire que ça peut te l’ôter. Mais moi le trop ne me tue pas. Ce qui coule en moi, c’est la vie. C’est celle qui me remue le bide dans la douleur, celle qui m’épingle au Ciel lorsque l’amour sonne à mon cœur, celle qui m’offre des yeux verts en guise d’âme sœur.
Je n’ai que cette vie là en moi. L’excès peut aller au diable.
Et d’ailleurs, qu’il y aille, je suis une femme debout. Qui le reste.
« Un excès de vie » ….. quelle belle image.