C’est toujours pareil.
Les choses se ressassent, bavassent entre elles. Même bas, même dans ce chuchotement, on finit par les entendre. Elles ont forcément des choses importantes à se dire ces choses, surtout à cette heure, surtout à cette heure où je devrais dormir.
Je le sais. Chaque nuit comporte son voleur. Il reste dans l’ombre, à attendre lui aussi que là-haut, que quelque part en moi, tout ce bavardage inutile cesse.
Moi aussi.
Que tout cela se produise vite et qu’il reparte avec ce qu’il veut. Tout ce qu’il veut, mais surtout ce qui pourrait être le plus lourd. Je lui fournis la fourgonnette s’il le faut, les clés sont sur le contact, le plein est fait, la carte grise à son nom. J’ai même installé le GPS et l’autoradio lit les MP3. Il est difficile d’être plus cordiale, serviable.
Mais il sait lui aussi.
Le plus lourd n’est pas ce qui brille le plus. Alors, quand le sommeil finira par faire taire les choses, il viendra faire son marché et prendre encore un souvenir, celui avec un éclat, un reflet de lune dans une larme de joie. Au lendemain, déserté de cette tendresse, je n’aurais plus qu’à souffler la poussière à son endroit et m’en imaginer une nouvelle.
Le voleur partira avec tout ce qui m’a fait. Dans sa masure, à force de devenir riche à me déposséder, je finirai par me dire qu’il veut juste que je redevienne moi.
Moi autre part. Sans le noir, sans le lourd.
Alors, c’est toujours pareil. Sous mes paupières, j’attends que la nuit tombe.