A l’intérieur
Se souvenir du repli
Le regard sur l’horizon
Quand arrive la saison des douleurs
Je suis la ligne de fuite
*
Le matin, se lever avec un nouvel espoir
A enterrer avec les autres le soir
*
– Tu pleures ? Sérieux, tu pleures, là ?
– Quoi ? Un mec qui chiale, c’est une fiotte, c’est ça ? C’est ça ?
– Non. Mais je te voyais pas pleurer, c’est tout.
– Je suis plein de surprises.
– Je vois ça.
– Je mets au diapason avec le temps, c’est tout.
*
Ouais, on est seul, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Mais le savoir, c’est le premier pas vers l’expression, vers soi, donc vers l’autre. Aucun mot n’est trop lourd pour immobiliser les hommes. Au contraire, les mots ont toujours brisé les chaînes.
*
Et si je me taisais, à en risquer le mutisme ? Pour de bon, ne plus la ramener, ne plus émettre un son de peur qu’il ne résonne mal dans tes oreilles. Qu’ai-je à perdre de plus que je n’ai déjà égaré, par lâcheté, par ignorance, à défaut d’être le meilleur des hommes ? Si je me tais, plus une ligne ne dira mon humeur, plus un mot d’humour ne dira mes horreurs. Si je me tais, tu prendras tes distances, des mètres raisonnables qui sauront te mettre à l’abri de moi. La souffrance, en amour, je n’ai jamais su la partager que quand elle venait de toi. La mienne, au fond, par égoïsme, ne reste qu’à mon adresse. Je te sais, là, à vouloir dire, à vouloir entendre, écouter. Et moi. Et moi, si je me taisais ?