» A quoi ça sert ?
Je veux dire, à quoi je peux servir, là, maintenant, de suite ?
L’amitié, par exemple, est régie par des règles entre deux personnes qui se sont trouvées des ponts à jeter sur chacune de leur rive. Ils partagent tout, du moindre secret à la dernière goutte d’alcool dans le verre de l’autre. Ils n’ont pas de jardin secret à défendre, non, parce qu’ensemble, ils ont confiance. Est-ce que l’on juge ses amis ? A-t-on jamais toutes les clés si proche soit on ? A quel moment s’engage-t-on soi-même, une main sur l’épaule pour lui dire stop, arrête-toi là ? A prêcher l’équilibre dans ce que l’on a et dans ce que l’on peut aller chercher, je suis toujours trop mal placé pour dire, là est le bien, là est le mal. Avec un tel raisonnement, l’amitié, elle te regarde et elle te dit « quand tu auras démêlé ton sac de nœuds, on parlera du mien, si tu veux bien ».
Ça doit servir à rien. L’amitié, elle te mettra toujours cette belle phrase que tu te vantes d’avoir écrite « il n’y a pas d’injustice, encore moins de justice et absence absolue de toute morale, tout n’est qu’une succession de concours de circonstances, de choix plus ou moins bien assumés et de gênes qui déconnent ».
Peut-être bien que servir se passe aussi, avant tout, dans l’écoute. Servir n’est sûrement pas se démener, courir de droite à gauche, hurler que l’on a raison.
Non.
Peut-être que servir, ça commence par recueillir. «