« Anna –
Franck ? Non, je dors pas, je suis habitée par Schuman, Beethoven ou Malher en ce moment. Tu comprends pas, moi non plus, je te rassure. J’aimerais juste que celui ou celle qui joue ce foutu morceau le joue de manière plus claire et surtout pas si triste, merde. Je sais pas, c’est un ver solitaire mélomane que j’ai ou un cancer particulièrement farceur, mais bon… Ça va, oui, ça va comme quelqu’un qui se ferait une bonne dépression si c’était remboursé par la SECU. C’est remboursé ? Mais je suis obligé d’aller voir le même psy que ma mère ? Nan, mais je pense qu’il est très talentueux pour qu’elle aille le voir trois fois par semaine en plus de tout ce qu’elle s’épanche sur ses pages blanches. Et nous ? Quoi nous ? Je sais pas Franck, c’est une pause, un break, se lâcher la main juste le temps d’aller aux chiottes tranquille, refaire le pieu, enlever tes cheveux de la baignoire, souffler parce qu’on s’essouffle, parce que moi, j’ai pas la tête à ça, à supporter, à te porter, à voir ta gueule d’ange, je t’aime, c’est pas le problème, c’est que là, tu me manques pas, tu me manques pas, je sais que c’est une torture à entendre et je dois être sadique à le répéter. Je m’y prends sûrement comme une conne et si je te perds, j’aurais le temps de m’effondrer, de me vider la tronche dans la serviette, la tête dans le mur, mais là, je ne sais pas comment m’y prendre autrement. Alors, traite-moi de pute, fais-moi la guerre, insulte-moi autant que ça te chante, si ça te fait du bien, moi, ça me passera par-dessus, même pas ça m’effleurera. Vas-y, Franck, vas-y, quand on aime, on ne compte pas. On ne compte pas le mal qu’on fait. «