21 mars.
Toujours ce jour depuis 11 ans. Toujours ces pensées à l’adresse de ce qui n’est plus. De ce qu’on dit que cela s’est envolé. En réalité, ça a été dispersé. Peut-être que tout ce que je fais à cette même période, à avoir la tête à l’envers correspond à tout ça, à vouloir tout remettre en ordre. Moi et mes petites mains, mes petites idées, mes petites choses à inventer pour donner la vie. Je sais ce qui traîne dans les coins sombres du Passager Noir et je n’ai pas d’autres choix que de l’invoquer. Tout ce qui a la force de détruire peut aussi créer. Re créer. Du moins, essayer. J’écris sur un manque, sur des manques, le mot en forme de lasso pour saisir la douleur, la nommer pour mieux la dompter. J’écris sur ce qui n’est plus, dans l’espoir fou de le retrouver. J’écris un deuil permanent. De l’enfance violée, d’un amour voilée, d’une innocence coupable, d’une agonie que j’ai regardé les yeux bandés.
21 mars.
J’ai toujours pas digéré. Et quand on a ma mémoire, on ne digère jamais.
21 mars, merde.
C’est le printemps, ça renaît, même sur les cendres.
21 mars, c’est surtout deux jours avant le 23 et une bougie nouvelle à souffler. Mes tendres années, bon Dieu, où sont elles passées ? Les ai-je perdues, me les suis-je volées ? Dans quelque temps, dans peu de temps, j’aurais enfin la réponse. Je ne suis pas loin de clôre cette enquête-là.
21 mars.
Tous les ans, tout recommence là. C’est la bonne nouvelle.
L.
P.s. : Bonnaniv Olivier, Bonnaniv Papa.
P.s. ² : Et j’arrête d’écouter And Also The Trees à cette heure-là.