Il faut accepter ses jours de pluie,
tu sais, tous ces moments où ça te tombe sur le coin de la gueule. Comme ils disent les gens « des cordes ». Toi, en-dessous, au trente sixième dessous, ça t’inonde et bientôt, très vite, tes pieds seront lourds et tes baskets, si neuves, si propres, tes escarpins de princesse, tout aura pris l’eau et sera lourd.
Il faut accepter ses jours de pluie,
autrement, on a l’air d’une poire à rester sérieux lorsque l’on marche devant tous les autres avec ses souliers qui font « pfouic, pfouic ». Plus ridicule, c’est un exploit.
Si tes pieds te semblent lourds, ce n’est pas à cause de ces mots qui ne sortent pas, c’est parce que t’as les pieds dans la mare. La seule qu’il y a à une centaine de mètres à la ronde. Invoquer le malaise ne sèche rien, poser avec son mal de vivre, ça donne des photos floues.
Il faut accepter ses jours de pluie,
et en profiter, danser, faire le gamin tant qu’il est encore temps, nager dans la première flaque venue, flirter avec la pneumonie et faire corps avec le rhume.
Ouais, on est seul, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Mais le savoir, c’est le premier pas vers l’expression, vers soi, donc vers l’autre. Aucun mot n’est trop lourd pour immobiliser les hommes. Au contraire, les mots leur ont toujours brisé les chaînes.