Un truc pour poser sa tête. Une nuit d’insomnie comme toutes les autres. Et puis regarder la lune faire son boulot. Jamais vraiment en grêve, elle. Ben nan, c’est pas simple de rester. Devant la mort, y’a égalité. C’est ce qui peut la rendre douce, cette pute. Je suis monté sur le dessus d’un poteau de mon portail. Du marbre sous le cul. Les pieds dans le vide. Ca balance. Le coeur, ça tangue, les larmes, ça se ravale. Quelques nuits d’angoisses à rajouter au compteur. Et penser à tendre la main, à saisir, à serrer. Devant la mort, y’a pas égalité de peines. C’est ce qui la rend détestable, cette dame. J’ai mis des air bag partout dans la poitrine, parce que ça va choquer dans tous les sens. Et j’ai encore besoin de quelques viscères, de tout ce qui bat aussi. Les aigreurs, elles, n’attendent pas. Un peu de bile pour rougir les gencives et chaque brossage de dents devient invariablement un bain de sang. Un goût de fer dans la bouche. Ca prouve encore la vie. Devant la mort, comme dirait une brune, j’ai la vomite. Alors, badigeonnez moi tout ça de plâtre, matin, midi et soir et ces nuits d’insomnie le cul posé sur le marbre froid du poteau du portail. Et humez, sentez les ondes positives. Elles s’envoient par milliers, ou toute seule, même inconnue. Saisissez. Souriez. Calfeutrez. La nuit, face à la lune qui fait son boulot, aux nuages bas qui planquent les étoiles, t’es tout seul avec ta peine. Et tes remontées acides, oui. Et puis, le manque, tu le sais, il est là le manque, mais il est partout le manque, le manque de soi, de l’autre, de celui qui s’en va, du temps, putain, du temps qui manque. Alors, c’est pas grave le manque, c’est pas grave, c’est l’oubli qui l’est. Et comme j’oublie pas. Comme je t’oublie pas. Devant la mort, y’a égalité. Quand on est aimé.