Je suis plein de vide. Plein. C’est affolant. C’est comme si, à l’intérieur, on avait tiré sur le bouchon, tu vois, pour que tout ce que j’ai, s’écoule dans le trou. Vers la fosse sceptique. Vers les égouts. Vers je ne sais où. On a jeté bébé avec l’eau du bain. Un truc effrayant. Quelqu’un a m’a suicidé comme ça en enlevant sa main de la mienne. A peine effleurée, elle m’a tout pris. Ça a fait un vortex, un tourbillon qui m’a aspiré. Tout ce que j’avais dedans a bien essayé de s’agripper, mais tout s’est découvert étrangement lisse. Je suis vide. Tu te rends compte ? Imagine la tête de l’infirmière qui viendra me faire une prise de sang. De son aiguille, elle ne saisira que du vent. Et un peu de poussière aussi parce que » tu n’es que poussière « , il paraît. Mon rhésus madame ? Néant moins, tendance petite brise de fin de soirée. Fraîche la brise, hein ? » On the rocks, please ! » Je suis vide. Au mieux, je suis un instrument à vent. Plein de mélodies à chialer. Demain, pour mourir, je n’aurais qu’à semer quelques clous sur ma route. Je marcherai dessus et ça me fera des trous d’air dans mes chambres. Je vais me dégonfler avec des sifflements sous les pattes. Je suis vide. Mais c’est bien, ça veut dire que je suis prêt à te recevoir.