Je n’ai plus envie d’y croire. Tout n’est que regret. Une suite ininterrompue de souvenirs d’enfance plus mélancoliques les uns que les autres. Cette vie n’est qu’une fuite en avant incontrôlable. Une détestation grandissante de ce que l’on est devenu. Petit, j’étais le seul à ne pas m’imaginer grand. Je ne voulais rien faire plus tard. Juste rester celui-là. Moi aussi, j’aurais bien pris un tambour. Tout savoir ne m’a appris qu’à me méfier du monde qui m’entoure. J’aurais voulu qu’on me foute la paix avec mes rêves et mes fabulations de gamin, qu’on ne me fasse pas découvrir les mensonges. Je pourris, c’est irrémédiable. Tout ce qui était bon en moi, vous en avez fait un charnier. Et ces cadavres d’enfants puent. Mon cerveau pue jusqu’à la moelle. Ce que je suis devenu, c’est ce que vous avez fait de moi.